Le lit cabane, un espace magique pour l’épanouissement des enfants

Quand elle a eu 3 ans, ma fille a choisi un lit cabane.
Et encore aujourd’hui, à 11 ans, elle voudrait un lit cabane. Ce n’est pas encore le cas — elle a aussi voulu un lit deux places — et sa chambre est sous comble, donc ça va, ça fait le taf.
Mais je sais que le jour où on changera de logement, je devrai lui bricoler une nouvelle cabane, c’est sûr.

J’avais bien ma petite idée du pourquoi elle était si attachée à la cabane, mais je lui ai posé la question pour en avoir le cœur net. Elle a confirmé ce que je pensais :
« Je me sens protégée. »

Le plus important pour elle, c’est le dessus de la cabane : il lui faut un « toit ». Moi, je lui avais mis un tissu sur la structure… c’était ok pour elle.
Il fallait aussi que ce soit un peu en hauteur… pourquoi ?
« Ben pareil, je me sens protégée. »

Petite parenthèse :
Je sais que la hauteur du lit peut faire débat pour les tout-petits. Un lit au sol favorise l’autonomie et la sécurité des enfants tant qu’ils ne sont pas à l’aise avec les escaliers ou pour grimper à une échelle… Et je ne donnerai pas d’âge, parce que, sincèrement, aucun enfant ne développe les mêmes capacités motrices au même rythme.
Fin de la parenthèse.

J’avais accompagné ma fille en journée scolaire en plein air, en CM1, et je m’occupais de son groupe.
Plusieurs activités étaient proposées et on en a fait quelques-unes le matin.
Mais l’après-midi ? Le groupe entier a voulu construire des cabanes. Une cabane pour le groupe, des cabanes pour les animaux.
Certains étaient en charge de trouver du bois pour la structure, d’autres s’occupaient des décorations, d’autres encore traçaient un chemin d’accès avec des petits cailloux.

J’étais fascinée.
Fascinée de les voir s’organiser. Fascinée de les voir prendre plaisir à construire tout ça.

On a évidemment immortalisé cette journée avec une belle photo du groupe devant sa cabane…
Et mon enfant intérieur s’est régalé tout l’après-midi.

Certains ont la chance d’avoir un jardin pour y construire des cabanes.
D’autres ont des parents qui les laissent déplacer tout le mobilier pour se faire des cabanes avec les coussins du canapé ou des nappes.
Mais certains enfants n’ont ni jardin, ni la possibilité de mettre le bazar dans le salon tous les jours.

Un lit cabane ?
Pour moi, c’est la solution magique : ils y auront droit tous les jours à leur cabane, sans mettre le bazar et même sans jardin.
Parce que franchement, si vous lui construisez une vraie cabane dans un arbre mais qu’il ne peut pas y dormir… imaginez la frustration.
Et hop, solution lit cabane.

Les enfants ne sont pas forcément fans des grands espaces.
C’est impressionnant, plein de recoins… et quand il fait nuit, on ne sait pas trop ce qui peut se cacher dans un coin de la chambre, et puis ça fait des ombres partout…
Dans un lit cabane, on peut installer un toit avec un tissu, même des rideaux si besoin.
Et parfois, il ne faut pas plus pour rassurer un enfant.

Combien d’enfants dorment la tête sous la couette, justement pour se « protéger » ?
On est bien d’accord : il ne s’agit pas de vraies protections (nous, on sait qu’ils sont en sécurité), mais bien de leur sentiment de se sentir protégés. Et ça change tout.

Quand ils construisent leur cabane, les enfants y érigent leurs propres règles.
C’est leur petite société. C’est leur cabane, leur jeu, leurs décisions.
Et ça, c’est de l’autonomie.

Ils sont à l’abri du monde des adultes. Tranquilles. Libres de leurs pensées.
Et le lit cabane peut avoir ce rôle-là.

Dans le dortoir que j’ai aménagé pour 4 enfants de 4 à 15 ans, chacun avait sa cabane, sa petite lumière, sa couleur (choisie par elle ou lui). Et ils ont participé à la finalisation : chacun a peint sa façade.
Chaque cabane était différente. Parce qu’ils les avaient rendues différentes.
Dans une maison, la seule pièce qui appartient à un enfant, c’est sa chambre.
Et dans une chambre partagée, le seul espace personnel, c’est le lit.

Le lit devient une part de son identité. C’est là qu’il peut exprimer qui il est.

Une fois dans sa cabane, un enfant peut se créer tout un monde.
La cabane devient sa bulle protectrice, dans laquelle il peut imaginer tout ce qu’il veut.

Il joue. Et le jeu, c’est une activité sacrément sérieuse.
C’est comme ça qu’ils apprennent les codes, qu’ils tissent des liens, qu’ils se régénèrent.

Le lit cabane protège l’intimité de l’enfant.
C’est son espace privé. Personne n’y entre sans y être invité.
Il peut s’y cacher, y réguler ses émotions, y stocker ses petits objets rassurants.

D’ailleurs, on ne devrait jamais prêter le lit (ou la chambre) d’un enfant sans lui demander son accord.
C’est SON espace.
Perso, je n’aimerais pas que quelqu’un s’invite dans mon appart, ou pire, dans ma chambre – ou encore pire, dans mon lit – sans mon accord.

Un lit cabane, ce n’est pas juste mignon ou à la mode.
C’est un vrai lieu de vie, de jeu, de repli, d’apprentissage et d’expression.
Un cocon pour les enfants, un terrain d’expériences, une part de leur monde.

Et s’il suffisait d’un toit en tissu pour qu’un enfant se sente invincible ?